Abus, agression sexuelle, viol : les mots d’une jeune

Pas simple de rédiger l’introduction d’un sujet aussi lourd que le viol, l’abus, l’agression sexuelle…

C’est pourtant une thématique qui touche bon nombre de personnes. Effectivement, l’enquête Violences et rapports de genre, nommée enquête Virage, faisait état d’environ 600 000 personnes subissant une agression sexuelle chaque année, dont près de 60 00 relèvent d’agressions avec viol. Celle-ci montrait également que les jeunes sont plus particulièrement vulnérables à ces agressions. Notamment, presque 60% des personnes ayant subi un viol ou tentative de viol avaient 17 ans ou moins au moment des faits.

Et vous n’avez-là que quelques chiffres, bien insignifiants par rapport à la douleur des personnes victimes de tels abus que je peux recevoir au cabinet.

C’est d’ailleurs l’une d’entre elles qui a accepté de partager son vécu par le texte qui suit, avec ses mots lourds mais allégés par son amour pour la vie et sa résilience. De quoi montrer qu’un syndrome de stress post-traumatique découlant d’une situation adverse peut donner lieu à une croissance post-traumatique : ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, c’est bien connu !

Vous trouverez aussi en dessous de ses lignes quelques vidéos informatives pour avoir plus d’éléments sur ce sujet.

 

Abus et brouillard post-traumatique

Et voilà qu’il revient comme par magie ce brouillard. Il en trouble mes yeux. Il revient et il repart, il ne s’arrête pas… Il me fait mal à la tête. Il me stresse. Il m’oppresse… Mais que se passe-t-il ? Qu’est-ce que ?! Est-ce l’hiver qui fait ça? Ou est-ce alors juste parce que tu as fait de moi ce que tu voulais ?

Et comme chaque jour, je me réveille dans le froid et le noir, toujours aussi épuisée par ces nuits agitées où ces images insensées bousculent encore mon sommeil. Quand mon esprit m’arrête sur ces images où tes mains étaient agrippées sur mon bassin, il en fait des insomnies.
Comme les journées paraissent si longues avec cette fatigue et ces allusions à toi… À chaque chose que je fais, j’ai des clichés qui me reviennent, d’énormes flashbacks de ces épisodes. L’écran ne s’éteint pas depuis que ces mains se sont précipitées jusque là. Depuis ce moment si douloureux,  j’ai l’impression que l’on a pris possession de mon corps, que l’on me l’a détruit en le touchant aussi violemment…
Oui tu l’as fait, tu l’as quand même fait, tu l’as réellement fait alors que je ne t’avais jamais dit “oui”. Jamais… Jamais.

Je me suis sentie coupable après, je m’en suis voulu.

Et on me l’a rappelé, on me l’a crié, on m’a rabaissé. On m’a tenu des insultes à ce propos parce que tu l’as glissé sous une oreille. Tout est devenu incontrôlable. La tempête…

Tu m’as emprisonné, tu m’as accablé, j’ai été ton pantin. Pourrais-je arrêter ce brouillard et ce mauvais temps ?

Si seulement le temps pouvait faire son oeuvre, en soufflant progressivement la brume par une météo venteuse ! Car si j’attends suffisamment longtemps, j’aurais peut-être une éclaircie qui me permettra de m’envoler en prenant la plume. Pour me libérer. Pour avancer. Pour vivre. Enfin, j’aurai le courage de faire de tes blessures ma force ! J’écrirai pour m’adresser à vous tous-toutes, et ceux-celles qui comme moi ont subis ces horreurs. Pour que vous sachiez que même dans ces moments des plus durs, il y a toujours des gens pour parler de vos maux… Alors ne vous sentez jamais seuls !!! Écrivez, lisez, défoulez vous…. Parlez- en !

 

YouTube vous informe !

« Je n’ai pas dit non, j’avais tellement peur… Ce n’est donc pas considéré comme un viol, non ? »

Voilà un raisonnement auquel les jeunes répondent souvent à tord… Regardez donc les vidéos pour bien comprendre.

Et pour expliquer aux plus jeunes…

Voici un livret numérique pour apprendre aux jeunes de 6 ans et plus à se prémunir face aux abus sexuels. Le lien est ici.

64 commentaires sur “Abus, agression sexuelle, viol : les mots d’une jeune”

  1. Très beau texte qui, avec une profonde sensibilité, dévoile la douleur et la violence d’une agression sexuelle. Il rappelle que le traumatisme ne s’arrête pas avec la fin de l’agression, mais demeure longtemps une marque au fer rouge sur la personne abusée, et également que la société, bien souvent, participe à ces souffrances en rejetant la faute sur la personne violée.
    Espérons que la libération de ces paroles, comme celle de cette jeune femme, permettra la cessation de ces actes barbares.
    Merci à elle pour ce texte.

  2. Merci à toi pour ces mots, tes maux qui raisonnent à travers ces lignes et qui j’espère et le pense sincèrement, raisonneront bien au-delà.

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